La gestion des excreta : un enjeu majeur dans les risques de contamination

13/03/20

Les infections nosocomiales : une ampleur à ne pas négliger

Dans les pays développés, 5 à 10% des patients hospitalisés sont concernés (jusqu’à 30% dans les services de soins intensifs) et ces chiffres sont 2 à 3 fois plus importants dans les pays en développement.

C’est d’ailleurs la 7ème cause de mortalité dans le monde qui entraine 2 millions de morts par an (80 000 décès aux USA, 4200 à 9000 décès en France)1.

Les excreta, une source importante de contamination

Les excreta (vomissements, urine, selles) sont un réservoir de micro-organismes susceptibles d’entrainer des infections et avec une capacité de dissémination très élevée :

  • Excrétion fécale : 107 à 109 bactéries/g de selles
  • Excrétion urinaire : 108 à 109 E. coli BLSE/jour en cas d’infection urinaire
  • Excrétion par vomissement : 107 norovirus par jet de 20-30 ml (gastro-entérites)2.

 

Le risque bactérien lié aux selles est particulièrement élevé car il existe de très nombreuses familles de bactéries dont le réservoir est le tube digestif : Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Enterocoques résistants aux glycopeptides, Clostridium difficile…

 Ces Enterobactéries sont à l’origine de 38% à 50% des Infections Associées aux Soins (IAS)  et  Infections Nosocomiales (IN), elles deviennent résistantes aux antibiotiques et on voit même l’émergence de BHRe « Bactéries Hautement Résistantes» et « Super-bactéries ».

Par ailleurs, ces bactéries ont une stabilité dans l’environnement, jusqu’à 5 jours pour Enterococcus faecalis, 1 semaine pour Escherichia coli et 4 à 5 mois pour spores de Clostridium difficile, ERV, SDRM, Acinetobacter 2

La gestion des excreta, un enjeu majeur pour endiguer la contamination

Les bassins de lit, seaux, urinaux… sont des réservoirs de micro-organismes pathogènes.

Leur manipulation expose le soignant, le patient et l’environnement à une contamination microbienne. Par ailleurs, le nettoyage manuel, en plus d’être une tâche ingrate, fastidieuse et coûteuse, est à risque ; il est donc à proscrire3.

En effet, les lave-bassin ou macérateurs sont des équipements lourds et chers, avec des dysfonctionnements fréquents (2/3 des lave-bassins : panne plus d’une fois par an) 4 .Par ailleurs, ils ne résolvent pas le problème du transport du bassin plein jusqu’à l’équipement (risque de dissémination dans l’établissement).

Dans ce cadre, il est crucial d’appliquer des bonnes pratiques et de choisir le bon matériel pour la gestion des excreta et de l’hygiène des patients dépendants afin de prévenir le risque infectieux lié aux transmissions croisées (interhumaines, matériel, environnement du patient).

Pour motiver et investir l’ensemble des protagonistes, il est également clé de :


  • Améliorer les conditions de travail et la sécurité des soignants et aidants

  • Favoriser la mobilité (prévention de l’incontinence de novo), la pudeur et la dignité du patient

  • Réduire les coûts directs (matériel, consommables, temps de travail) et indirects (conséquence des IN).


Aussi l’utilisation des sacs hygiéniques avec tampons super-absorbants est une solution pour sécuriser le recueil, le transport, et l’élimination des excreta.

Cette solution est d’ores et déjà utilisée par des milliers d’hôpitaux dans le monde et recommandée par des autorités d’hygiène hospitalières

Recommendations internationales

« Les sacs protecteurs permettent de faciliter et de sécuriser le recueil, le transport et l’élimination des excreta. » (Précautions Standard SF2H, France 2017)

« Utiliser des sacs de recueil des excreta à usage unique munis d’absorbants pour tous les patients utilisateurs de bassins. » (CCLIN APHP, France 2012)

« Recouvrez le bassin avec un sac hygiénique et un matériel absorbant afin de réduire le risque d’exposition du personnel de santé aux matières fécales. » (APIC, USA 2010)

« Les sacs hygiéniques seraient un procédé plus
sécuritaire, car le matériel ne sort pas de la zone  d’isolement. Elle ne nécessite pas ou presque pas d’infrastructures. […] Plusieurs heures de soins sont  récupérées à cause de la rapidité du processus. » (AETMIS, Canada 2009)

Taux des infections associées aux ERV - 2009 - 2010 - 2011

Réduction :

  • du taux d’infections à ERV (de 1.53 à 0.26)
  • de la contamination de l’environnement du patient
  • du nombre d’étapes des soins infirmiers (de 15 ou 20 à 9)

Vitale, E. (2011, May). Safer Panhandling to Reduce the Rate of Vancomycin Resistant Enterococci – Giving staff the right tools to safely and efficiently do their job. Poster session presented at the CHICA-Canada National Education Conference, Toronto

Comparateur de coût pour traitement des dispositifs des excreta

Coût annuel en euro temps agent compris :

  • Lave bassin 1 : 4 100,90 €
  • Lave bassin 2 : 4 229,32 €
  • Broyeur : 3 280,72 €
  • Sac absorbant : 3 084,96 €
  • Nettoyage manuel : 3 280.72 €

Cet outil est mis gracieusement à disposition des établissements de santé par l’ARLIN Haute Normandie. Les établissements sont tenus de  valider et vérifier leurs données. Pour tout renseignements complémentaires contacter denis.thillard@chu-rouen.fr , date de réalisation : 10/04/2014

Sources (extraits et adaptations) :

1-WHO, Health care-associated infections FACT SHEET
2-The Role Played by Contaminated Surfaces in the Transmission of Nosocomial Pathogens • Author(s): Jonathan A. Otter, Saber Yezli, Gary L. French Source: Infection Control and Hospital Epidemiology, Vol. 32, No. 7 (July 2011), pp. 687-699 Published by: The University of Chicago Press on behalf of The Society for Healthcare Epidemiology of America
3- Analyse comparative des équipements de traitement des bassins Agence d’Evaluation des Technologies et des Modes d’Intervention en Santé (AETMIS 2009): Vol 5: N4
4- Bulletin du CClin Paris-Nord n°41, décembre 2012, Enquête sur la gestion des excreta dans les hôpitaux de l’AP-HP, Margaux Lepainteur, Simone Nérome, Gisèle Bendjelloul, Brigitte Cottard-Boulle, Catherine Monteil, Michèle Huang, Vincent Jarlier, Sandra Fournier et le réseau des équipes d’hygiène de l’AP-HP